CHAOSMOS
Sculpture sonore – CHAOSMOS*
Christian Glace & Claude Russin – Mars 2017

Néologisme (du grec, khaos, littéralement «faille» et cosmos, l’univers). Le Chaos dans la mythologie grecque désigne une entité primordiale d’où naît l’univers ordonné. Il est un état où la confusion et le désordre règnent à l’origine du cosmos. Chaosmos est implantée par des capteurs utilisés en sismographie. Un puissant algorithme convertit les micros vibrations générés par les frottements en sons audibles et réinterprétés aléatoirement. A la fois sculpture et instrument de musique, Chaosmos permet à chacun de jouer librement avec la matière sonore, de découvrir de nouveaux gestes musicaux et de créer ses propres paysages sonores. Dans Chaosmos, matière sonore et matière organique cherchent à atteindre une harmonie. Ces deux dimensions coexistent sans être réductible l’une à l’autre. Chaosmos devient alors l’instrument qui connecte les univers pour tout lier : ainsi le virtuel communique avec le matériel et inversement.

*néologisme emprunté au poète Michel Collot (Chaosmos, Belin, 1997)

Chaosmos

D’habitude les sculptures sont muettes. Elles captent les regards, la lumière, l’énergie d’un lieu, d’une matière, les émotions… mais se taisent. Chaosmos chante.
Chaosmos chante le silence de la matière.
A l’agencement des formes elle ajoute l’expression des sons. A la plastique elle ajoute la musique. A la vue elle ajoute la sensibilité du toucher, un toucher musical. Un toucher sidéral.
Sous nos doigts le bois chante. Chaosmos mobilise tous nos sens. Chaosmos mobilise nos gestes car pour la faire chanter il faut la toucher. Pour la faire chanter il faut l’enlacer, l’embrasser. Chaosmos chante quand on la caresse.

Sous la main le bois chante. Il chante le vent, les arbres et tous les grands espaces.
Touche le bois, tu entends les tiges qui se tordent et cherchent la lumière, tu entends les racines et les cimes, les sources et les orages.
Touche le bois, tu entends l’arbre qui respire.
Touche le bois, matière du monde, tu entends le monde qui gronde, de l’humus à l’immense.
Tu entends la mer et la baleine à bosse.
Corps-à-corps, tu entends la sève et le sang, tu entends dans le bois le pouls du monde.
Sous tes doigts les feuilles encore frissonnent.
Dans ta main la forêt primaire, le chant des origines.
Dans le silence du bois, matière sonore, tu entends le chaos originel.
Ni vide, ni néant, dans le chaos bouillonnent tous les éléments de la vie, toutes les émotions.
Toutes les voix sont dans le bois.
Tu remontes le temps et de très loin tu sens venir en toi tes origines animales.
Tu sens encore en toi la peur des cavernes, tu sens en toi le feu, la faim, la soif.
Tu entends en toi gronder les volcans.
Tu entends minuscule le chant des particules, les atomes comme les astres tournent et se bousculent, écho du cosmos.
Dans la nuit de la matière, le chaos du cosmos.
Tes yeux fermés s’ouvrent sur l’immensité.
Dans le chaos tu cherches une mystérieuse harmonie, une clarté.
La musique prend corps.
Chaosmos.

Christian Glace

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